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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 21:59

Sylvie Guillaume (S&D). – Monsieur le Président, de mon côté, je tiens à féliciter le rapporteur pour le travail qui a été accompli depuis bientôt une année et demie, ainsi que les rapporteurs fictifs des groupes politiques, qui ont su faire preuve de responsabilité sur le sujet qui nous occupe aujourd’hui. Cela a été un travail long, minutieux, semé d’embûches dont Rui Tavares se tire avec brio.

Le travail effectué au sein de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a ainsi conduit à estimer que la tendance systémique et générale à modifier, à plusieurs reprises, le cadre constitutionnel et juridique dans un laps de temps très court, ainsi que le contenu de ces modifications, sont incompatibles avec les valeurs énoncées à l’article 2 du traité de l’Union. De plus, l’adoption d’une nouvelle loi autorisant la surveillance de hauts fonctionnaires est considérée, aussi, comme complétant le tableau inquiétant de la situation hongroise actuelle.

Aussi, le Parlement européen, représentant de tous les citoyens européens, se prononce, ici et avant tout, pour défendre les valeurs européennes et pour la Hongrie, contrairement à ce que disait le Premier ministre tout à l’heure.

C’est en ce sens que nous demandons au gouvernement hongrois de respecter l’obligation positive, découlant de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, de protéger la liberté d’expression en tant que condition préalable d’une démocratie fonctionnelle.

Au niveau des institutions européennes, nous demandons que l’Europe se dote d’instruments adéquats pour prévenir les dérives. Car il est clair que la procédure actuelle ne convient pas.

Pour conclure, si le Parlement européen entend, ici, parler d’une voix forte, c’est pour faire progresser les droits en Hongrie et par la volonté de faire en sorte que les doutes pesant sur la réalité de l’État de droit soient enfin levés.

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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 21:58

Lors de l’Assemblée plénière d’octobre 2012, la Région se prononçait en faveur d’un Syndicat Mixte des Transports (SMT) pour l’aire métropolitaine lyonnaise. La presse ne manquait pas de souligner cette avancée majeure pour le service du transport dans l’aire métropolitaine lyonnaise : « Rhône-Alpes : révolution en vue pour les transports », « Demain, peut être, la carte orange à Lyon… »…

Avec ce syndicat, présidé par Jean-Jack QUEYRANNE, la Région Rhône-Alpes affirme son rôle d’autorité organisatrice des transports et agit pour améliorer le quotidien des usagers. En octobre dernier, Eliane GIRAUD, Vice-présidente déléguée aux transports, déplacements, infrastructures et à l’administration générale, en soulignait les principaux enjeux : « l’objectif est de répondre aux besoins de nos concitoyens, c’est-à-dire de se déplacer, d’avoir des tarifs qui soient les plus performants possibles, et d’avoir une bonne réponse à leurs besoins ». La création du SMT venait ainsi répondre au besoin de coordination des services de transport et de simplification tarifaire à travers la mise en place d’une tarification multimodale de zone donnant aux usagers la possibilité d’utiliser aussi bien le train que les réseaux urbains dans leurs déplacements quotidiens.

Quelques mois à peine après sa création, le SMT tient toutes ces promesses. Le 17 juin dernier, un nouveau dispositif d’abonnements pour les voyageurs utilisant régulièrement plusieurs réseaux de transport collectif a été adopté. Dès septembre 2013, le pass « T-libr » permettra aux usagers de se déplacer « plus simple et moins cher ». Plusieurs modes et réseaux de transport pourront être combinés : bus, tram, train et métro. Le territoire métropolitain sera organisé en zones tarifaires, correspondant aux réseaux de transport de la Région (TER), du SYTRAL (TCL), des Communautés d’agglomération Saint-Étienne Métropole (STAS), Porte de l’Isère (Ruban) et Pays Viennois (L’VA). Chaque voyageur composera son abonnement en fonction de ses besoins de mobilité sur ces différentes zones, le prix variant en fonction du nombre de réseaux empruntés.

Dans un premier temps, près de 8 000 abonnés seront concernés par ces nouveaux tarifs qui seront distribués sur la carte OùRA !. D’abord réservée aux abonnés, la gamme pourrait s’élargir aux voyageurs occasionnels. Une attention toute particulière est apportée aux étudiants et apprentis de moins de 26 ans. Ils bénéficieront d’une réduction d’environ 20% par rapport au tarif grand public. A travers ce dispositif, les besoins de mobilité des jeunes et leurs moyens sont ainsi pleinement pris en compte, dans la lignée des priorités régionales. Dans le cadre de la gamme tarifaire illico, ce principe est déjà au cœur de la politique régionale des transports

Lors de l’Assemblée plénière d’octobre 2012, Guillaume LISSY, Vice-président de la commission Transports, déplacements et infrastructures, qualifiait le vote de la délibération portant création du SMT de « moment important pour la vie de notre collectivité et d’étape nouvelle du service public du transport que nous devons aux Rhônalpins ». Les premières décisions du Syndicat Mixte de Transports (SMT) pour l’aire métropolitaine lyonnaise vont dans ce sens.

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 17:54

Jean Louis Gagnaire

Jeudi 20 juin, j’ai participé au lancement de la bpifrance Rhône-Alpes avec la première réunion du comité régional d’orientation puis l’inauguration des locaux de l’antenne régionale à Lyon.

C’est avec une satisfaction particulière que j’ai participé au lancement opérationnel de la bpifrance Rhône-Alpes. C’est la mise en œuvre d’un dispositif au centre de la nouvelle ambition industrielle pour la France portée par le président Hollande. Le processus parlementaire nous avait permis de dessiner les contours de la BPI avec une meilleure coordination des dispositifs publics de financement de l’activité économique et une puissance renforcée avec 42 milliards d’euros. La bpifrance Rhône-Alpes est désormais prête à accueillir les porteurs de projets dans ses antennes de Lyon, Grenoble, Annecy, Valence et Saint-Étienne.

La bpifrance Rhône-Alpes est fondée sur des axes stratégiques clairs :

  • au niveau de l’instruction des dossiers, un traitement en région de 90% des dossiers dans le souci de la réactivité et de l’adaptation aux besoins des bassins économiques,
  • au niveau de la gouvernance, un comité régional d’orientation positionné sur la réflexion stratégique avec les représentants du Conseil régional, des structures parties prenantes de la BPI, des acteurs économiques, de la place financière et des partenaires sociaux. C’est un modèle similaire à ce que nous avons déjà expérimenté en Rhône-Alpes, par exemple avec le Fonds Régional d’Investissement.

La bpifrance Rhône-Alpes propose désormais une gamme complète d’outils pour le financement de l’innovation, l’accompagnement à l’export, le développement industriel, avec des subventions, des avances remboursables, des fonds de garantie et un accent sur l’investissement en fonds propres. C’est la mise en place d’un nouveau modèle de d’intervention de la puissance publique sur le financement de l’activité des entreprises : d’une part une participation plus directe, y compris en fonds propres, et d’autre part une cible sur l’innovation et le développement des TPE, PME et ETI. C’est un changement important dans un pays où les fonds publics étaient traditionnellement concentrés sur des entreprises malheureusement en fin de parcours.

La BPI se situe ainsi dans le prolongement du Fonds Régional d’Investissement sur le développement des entreprises industrielles ou encore de Rhône-Alpes Création 2 sur le capital risque et le financement de l’innovation. L’intervention de la puissance publique est utile sur les phases les plus risquées de la vie d’une entreprise comme l’amorçage, sur les projets à forte intensité technologique ou encore sur les projets industriels qui se développent sur des temps longs et avec des taux de rentabilité parfois faibles. Elle permet d’exercer un effet de levier en complémentarité avec la place financière (aujourd’hui 5 milliards d’euros d’investissement mobilisés avec 2,1 milliards engagés en Rhône-Alpes)

Avec la BPI, nous insistons sur l’industrie, l’investissement, l’innovation et l’international comme moteurs de la création d’emplois.

Le prochain chantier est déjà sur les rails. En Rhône-Alpes, nous avons choisi de développer une plateforme dédiée aux entreprises à haut potentiel adossée à la BPI avec la CCIR, les CCI, les chambres de métiers, ERAI et l’ARDI. Les deux agences régionales de l’international et de l’innovation seront regroupées dans un même bâtiment à proximité de la CCIR afin de développer les synergies et de renforcer l’efficacité du système régional d’accompagnement des entreprises.

Jean-Louis GAGNAIRE
Vice-président délégué au développement économique,
à l’industrie et aux PME et à l’innovation

Source : billet paru sur le blog www.jlgagnaire.com

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 17:50

Par Jeanne Fagnani Sociologue, directrice de recherche honoraire au CNRS et Dominique Méda Professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine
Le gouvernement a récemment proposé une réforme de la politique familiale (diminution du quotient familial et développement de l’accueil des jeunes enfants) qui a relancé le débat sur la fonction de celle-ci et les différentes formes qu’elle peut prendre. Si tout le monde s’accorde sur le fait que la politique familiale vise à aider les familles - et plus particuliÚrement à rétablir l’équilibre entre les ménages qui ont une famille à charge et les autres -, une politique familiale de gauche poursuit selon nous trois objectifs supplémentaires : combattre les inégalités sociales entre ménages ; promouvoir le bien-être de tous les enfants en corrigeant les inégalités qui existent dÚs le plus jeune âge ; améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle exige la mise en œuvre simultanée de trois volets.
http://www.liberation.fr/societe/2013/06/19/qu-est-ce-qu-une-politique-familiale-de-gauche_912215

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 17:46

Détrônée par son parti, la Première ministre australienne, féministe revendiquée, quitte ses fonctions après trois ans à ce poste.

Fin de partie pour Julia Gillard. La Première ministre australienne a été poussée vers la sortie, battue lors d'un vote de confiance interne au parti travailliste, mercredi 26 juin. C'est Kevin Rudd, celui-là même dont elle avait pris la place tout juste trois ans plus tôt, qui la remplace à la tête du gouvernement. A l'approche des élections législatives, prévues en septembre, le parti travailliste est distancé dans les sondages.

Julia Gillard était régulièrement contestée au sein de son propre parti. Mais celle qui était devenue la première femme à prendre les commandes du pays avait jusque là toujours su affirmer son leadership. En utilisant souvent un discours féministe et en mettant en avant sa personnalité de femme libre. Lors de son discours après sa défaite électorale interne, Julia Gillard s'est d'ailleurs posée en pionnière, se disant « absolument confiante sur un point : il sera beaucoup plus facile pour la prochaine femme, et pour les suivantes », de briguer le pouvoir.

Féminisme et tricot

Ses passes d'armes régulières avec l'opposition étaient également régulièrement teintées de féminisme. Elle aura été pour sa part la cible de nombreuses attaques, notamment sur le fait qu'elle n'avait pas d'enfant et vivait en union libre. En octobre 2012, elle avait dénoncé lors d'un discours très remarqué, devant le parlement, la « misogynie » du leader de l'opposition (Voir : Le coup de gueule de la Première ministre australienne contre le sexisme).

Tout récemment encore, le mini-scandale provoqué par un menu dans lequel elle était comparée à une caille venait justifier ses positions... avant un mauvais coup de communication : elle pose dans le dernier numéro du magazine féminin Women's Weekly, en train de tricoter un kangourou pour le futur bébé de la famille royale britannique. Ce qui lui a valu nombre de moqueries, autant que de témoignages de soutien.

Pour le magazine, Julia Gillard restera dans l'histoire pour avoir été à la fois la première femme, et la plus impopulaire, Premier ministre d'Australie (une Edith Cresson des antipodes?). Ironie du sort, son impopularité tient en grande partie à une promesse initiale qu'elle a tenue, contre les géants de l'industrie : l'instauration d'une taxe carbone, outil de lutte contre le réchauffement climatique.

Lire sur Les Nouvelles NEWS :

Le coup de gueule de la Première ministre australienne contre le sexisme

Australie : la guerre des sexes au menu

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 17:40

Wendy Davis a réussi son pari. Cette sénatrice démocrate de l’État du Texas a tenu un discours de près de 11h pour empêcher que le vote d'une loi restreignant l'accès à l'IVG intervienne avant minuit, l'heure limite.

A 11h18, mardi 25 juin, la sénatrice débutait son intervention devant les sénateurs. Sans pouvoir rien faire d'autre que parler car « il lui était interdit de s'asseoir, de boire, de manger, d'aller aux toilettes, ou de s'appuyer sur le bureau jusqu'à la fin de son intervention », rapporte @rrêt sur Images. Au fil des heures son intervention suscitait une attention de plus en plus soutenue. "Il se passe quelque chose de spécial à Austin ce soir", signalait le président Obama en passant sur Twitter un message de soutien à Wendy Davis.

Elle parlait encore à 22h07, près de 11 heures plus tard, quant elle a reçu son troisième avertissement éliminatoire - le deuxième pour avoir dévié du sujet, selon le président de séance. Elle en avait reçu un autre pour s'être fait poser une ceinture dorsale (voir la vidéo).

Alors que des spectateurs dans la salle, et dehors des centaines de manifestants opposés à la loi, faisaient entendre leur colère, le vote a eu lieu environ deux heures plus tard, Wendy Davis étant restée debout pendant ce temps. Le président du Sénat a aussitôt annoncé l'adoption de la loi... avant de faire marche arrière encore trois heures plus tard : le vote s'est tenu à minuit et deux minutes. Deux minutes trop tard.

La loi, dite SB5, « est morte », a assuré Wendy Davis.

Mais cette "victoire pour les femmes" n'est peut-être que passagère, car le gouverneur du Texas peut décider de convoquer une session spéciale du Sénat pour un nouveau vote.

Le texte de loi prévoit d'interdire l'IVG après 20 semaines de grossesse et fixe des normes plus strictes pour les établissements pratiquant l'avortement. Ce qui reviendrait à devoir fermer un grand nombre des 42 centres que compte cet état de 26 millions d'habitants. Onze autres états disposent déjà d'une loi similaire, et dans trois d'entre eux elle a été déclarée inconstitutionnelle.

La sénatrice de 50 ans n'en est pas à son premier filibuster, le nom donné aux États-Unis aux tentatives d'obstruction parlementaire. En juin 2011, Wendy Davis avait empêché (provisoirement) le vote d'une réduction du budget des écoles publiques. Ce premier coup d'éclat avait déjà été remarqué. Son nouveau marathon oratoire, qui a connu un retentissement mondial, « la propulse sur la scène nationale », selon le Texas Tribune.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 15:01

Fin 2012, plus de 45 millions de personnes dans le monde étaient déracinées. Les pays riches accueillent moins d'un réfugié sur cinq.

Les déplacements forcés de personnes n’ont jamais été aussi nombreux dans le monde depuis 18 ans. Dans son rapport statistique publié mercredi 19 juin, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) dévoile « des chiffres véritablement alarmants »

Fin 2012, plus de 45,2 millions de personnes étaient déracinées, contre 42,5 millions fin 2011. Ce chiffre comprend 15,4 millions de réfugiés, 937 000 demandeurs d’asile et 28,8 millions de personnes forcées de fuir à l’intérieur des frontières de leur propre pays. Les femmes représentent 48% de ces déplacés, les mineurs 46%.

Les pays en développement accueillent plus de 8 réfugiés sur 10

Plus de la moitié des personnes déplacées proviennent de 5 pays : l’Afghanistan, la Somalie, l’Iraq, la Syrie et le Soudan. La crise en Syrie étant devenue « un nouveau facteur majeur de déplacement forcé dans le monde.

Le HCR en profite pour rappeler une évidence pourtant trop souvent ignorée : non, les pays riches n'accueillent pas toute la misère du monde. Au contraire,en matière d'accueil « l’écart entre pays riches et pays pauvres ne cesse de se creuser » : dans l’ensemble, les pays en développement abritent 81% des réfugiés dans le monde, contre 70% il y a dix ans.

Photo : UNHCR / B. Sokol. Le camp Domiz, au Kurdistan irakien, héberge des milliers de réfugiés syriens.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 14:59

Comment le choix des mots dans la presse banalise les violences faites aux femmes. Une enquête d'Arret sur Images.

« La mayonnaise monte, assaisonnée de quelques marrons et coups de saton qui se traduiront par un flamboyant coquard à l’œil droit de madame. » Voilà un exemple de la façon dont la presse peut traiter des violences conjugales. « Comment le choix des mots banalise la violence faite aux femmes », c'est une enquête de Laure Daussy à lire sur Arrêt sur Images.

De la narration sur le mode ironique à l'usage immodéré de l'expression « crime passionnel », ces violences, qui ont tué 174 femmes en 2012 en France, sont régulièrement minimisées dans la presse. Quand les femmes ne sont pas culpabilisées. Exemple avec La Dépêche du Midi qui, en conclusion d'un article sur un viol, conseille aux femmes de ne pas sortir seules le soir. Et les journalistes interrogés par Laure Daussy ne semblent pas voir le problème.

« L'immunité amoureuse dans la presse », c'est aussi ce que dénonçait Natacha Henry sur les Nouvelles NEWS.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 08:46

Vingt-cinq ans après les accords de Matignon, le diagnostic sur l’évolution du « Caillou » semble encourageant, mais l’apparition de nouvelles tensions sociales inquiète ce spécialiste. Entretien avec Alban Bensa, anthropologue du peuple kanak.

Alban Bensa : Ces accords ont généré un progrès considérable dans la prise en compte des aspirations kanak, d’abord par la création de trois provinces : une au Sud – où la population d’origine européenne est majoritaire –, une au Nord et une pour les îles Loyauté – dans lesquelles la population kanak est majoritaire. Fonctionnant avec des autorités élues et l’aide de l’État français, cette subdivision territoriale a permis aux indépendantistes kanak de prendre des responsabilités : ils y sont régulièrement élus à la tête des Provinces Nord et des îles Loyauté.

Cette prise de responsabilités s’est particulièrement illustrée dans la Province Nord, avec l’ouverture récente, à Vavouto, d’une usine de retraitement du nickel extrait du massif du Koniambo. Cette politique industrielle majeure inaugure une autonomie économique par le raffinage et la vente directe du minerai du Territoire. La Nouvelle-Calédonie était auparavant administrée seulement par l’État et par Nouméa, principale ville, située au Sud.

Des structures ont par ailleurs été créées à l’échelle du Territoire (congrès, gouvernement, président). Ont-elles également favorisé le rééquilibrage ?
A. B. : Ce sont des structures issues d’élections et permettant la représentation des non-indépendantistes comme des indépendantistes, qui siègent ensemble au sein du gouvernement, émanation du congrès.

Au total, un système original a posé les conditions d’une indispensable entente politique. Il est conforté par l’accord de Nouméa de 1998, qui a reconnu le fait colonial, développé l’autonomie du territoire par un transfert de compétences de Paris vers Nouméa et prévu un processus d’autodétermination avec référendum, entre 2014 et 2018, dans la perspective d’un «destin commun».

Les Kanak ont-ils, depuis 1988, bénéficié de l’ascenseur social ?
A. B. : Il y a eu incontestablement, pour toutes les communautés de Nouvelle-Calédonie, une amélioration des conditions matérielles d’existence. Grâce à l’action des Provinces, l’électricité, le téléphone et la possibilité de se connecter à Internet sont, par exemple, arrivés dans les tribus kanak. Des aides importantes à la formation sont accordées aux étudiants pour qu’ils suivent des études ou des stages en métropole. Une élite kanak est ainsi apparue sur l’archipel : on la trouve parmi les élus, dans l’administration et l’encadrement des entreprises. Mais, en dépit des efforts de rééquilibrage, de nouvelles tensions sociales sont apparues.

Lesquelles ?
A. B. : Avec la croissance économique du territoire (4% ces dernières années, un peu moins actuellement), l’écart entre les revenus s’est creusé. Des enquêtes montrent en outre que l’échec solaire et le chômage sont plus élevés chez les jeunes mélanésiens que chez ceux d’origine européenne. On constate par ailleurs, dans les tribus ou les quartiers populaires, un certain nombre de jeunes kanak sans repères, gagnés par l’oisiveté et la délinquance.

À cela, il faut ajouter les inégalités sociales qui existent entre les Calédoniens – kanak ou européens – et les métropolitains récemment venus de l’Hexagone : ces derniers trustent quasiment les emplois dans le bâtiment, la restauration et les activités de loisirs, limitant ainsi la portée de la règle de la priorité à l’embauche des Calédoniens, édictée par une loi territoriale. Des tensions existent, enfin, parmi les Kanak, entre ceux qui sont attachés à une conception rigide, voire autoritaire, de la «coutume» régissant la vie en milieu kanak et ceux qui en ont une vision plus évolutive, voire qui y sont indifférents, parmi lesquels surtout des jeunes et des femmes.

Quel peut être l’avenir de la Nouvelle-Calédonie sur le plan politique ?
A. B. : Il m’apparaît quand même incertain. Sur un plan politique, l’esprit de réconciliation guide toujours les comportements de nombre de non-indépendantistes et d’indépendantistes, qui ont pris l’habitude de travailler ensemble. On peut espérer qu’à l’approche des échéances de l’autodétermination, ces personnes vont savoir engager entre elles un nouveau dialogue pour préparer, comme il y a vingt-cinq et quinze ans, un nouveau cadre institutionnel de décolonisation en douceur, conduisant à une forme d’indépendance. Mais la situation est fragile. Le scénario d’un réveil des intégrismes, qui n’ont pas disparu de part et d’autre, n’est pas totalement à exclure.

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UN ETHNOLOGUE ATTACHÉ AU MONDE MÉLANÉSIEN

Né en 1948 à Paris, Alban Bensa est directeur de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Ethnologue en Nouvelle-Calédonie depuis 1973, il a étudié les institutions sociales et politiques mélanésiennes et effectué des travaux sur l’expression orale dans les tribus (récits, poésies, contes). Ami de Jean-Marie Tjibaou, il a soutenu la cause kanak dans les années 1980.

Dans le domaine de l’anthropologie, il s’est démarqué du structuralisme de Claude Lévi-Strauss, préférant décrire le réel dans sa complexité, notamment historique.

Prochain livre (à paraître) : Les Sanglots de l’aigle pêcheur. La Guerre kanak de 1917. (Éd. Anacharsis), en collaboration avec Y.-K. Goromoedo et A. Muckle.

Recueilli par ANTOINE FOUCHET

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 14:48

Par Charlie Buffet Le Monde

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Passé la stupeur, les colonnes de fourmis s'activent comme chaque mois de mai sur les pentes de l'Everest. Dix jours après la bagarre où trois alpinistes européens ont failli être lapidés par une foule de sherpas en colère, le business reprend ses droits. La ligne de cordes fixes atteint le col sud, à 8 000 mètres d'altitude. D'ici à une dizaine de jours, le premier summit day ("jour du sommet") devrait, sauf surprise, voir plus de cent clients se photographier devant la grappe de drapeaux à prière délavés qui flotte sur le toit du monde. A 8 848 mètres, ceux qui ne sont pas trop hébétés enlèveront un instant leur masque à oxygène pour dire quelques mots à leur caméra. Certains déposeront un jouet en peluche, une photo ou les cendres d'un proche.

ÉLECTRONS LIBRES

Il y a un an, le 19 mai, 234 personnes ont atteint le sommet ; 167 venaient du versant népalais, 67 du versant tibétain. Une moitié étaient des sherpas, payés pour un travail risqué, l'autre, des clients prêts à consacrer trois mois de leur vie et le prix d'une voiture de luxe à leur rêve. Quatre sont morts.

Samedi 27 avril, 17 sherpas travaillent à poser des cordes fixes sur des pentes de glace vive au-dessus du camp 2, dans la partie la plus raide de l'itinéraire népalais. Selon la stratégie décidée par les chefs de huit grosses expéditions commerciales, personne ne doit perturber le travail de l'équipe de pointe, dont dépend le bon déroulement de la saison. Mais, à 9 heures, trois hommes quittent aussi le camp 2, à 6 200 mètres d'altitude.

Ils ne sont pas encordés, n'emploient pas de sherpas. Ces électrons libres sont des alpinistes professionnels, et pour deux d'entre eux des stars de la grimpe : Simone Moro, italien, 45 ans et autant d'expéditions au Népal ; et Ueli Steck, suisse, 36 ans, l'homme qui court dans la face nord de l'Eiger (2 h 47 min 33 s). Jonathan Griffith, un photographe britannique de 29 ans, doit documenter l'ascension. Les trois hommes s'acclimatent sur la voie normale. Leur projet, tenu secret, est de réussir la première ascension en style alpin, sans oxygène, de la face sud-ouest, la paroi la plus raide de l'Everest. Ils n'ont pas assisté au meeting préparatoire et affirment que personne ne leur a demandé de ne pas grimper ce jour-là. Pour le récit de cette journée folle, les témoignages de tous les Occidentaux impliqués de près ou de loin ont été postés sur le Net, pas ceux des sherpas.

La tension monte lorsque le trio arrive à proximité des guides. Ces derniers crient aux trois grimpeurs qu'ils n'ont rien à faire là et leur demandent de faire demi-tour. Les Européens affirment que les sherpas leur ont alors lancé des blocs de glace, les Népalais affirment que c'est l'inverse qui s'est produit.

Ueli Steck et ses deux compagnons se décalent sur la gauche et s'élèvent rapidement. Vers 7 200 mètres d'altitude, ils doivent traverser la ligne des cordes fixes pour rejoindre leur camp. Il fait froid, le vent souffle, la pente est raide. "Leur leader est descendu vers nous en criant, a raconté Simone Moro au National Geographic. Il était très nerveux, très en colère. Il faisait des moulinets avec son piolet. Vous savez comme moi qu'un coup de piolet peut tuer."

Simone Moro reconnaît qu'il a alors lâché des insultes en népalais (l'équivalent d'"enculé"), mais nie avoir pris sa radio pour mettre les sherpas au défi de venir se battre au camp 2. Garrett Madison, un guide présent au camp de base, affirme l'avoir entendu sur la fréquence commune. Simone Moro l'accuse d'être un menteur.

Après cette violente altercation, les sherpas abandonnent leur travail et redescendent au camp 2. Quelques heures plus tard, Steck, Moro et Griffith descendent à leur tour pour s'expliquer. Leur tente, un peu à l'écart du camp, devient le théâtre d'une scène de western. Une centaine de sherpas apparaissent sur la crête, le visage masqué d'un foulard, des pierres à la main. "J'ai compris que ça allait être vraiment mauvais", a raconté Ueli Steck au magazine Outside. Il reçoit un coup de poing au visage, est frappé à la tête avec une pierre. "Je me suis demandé quoi faire. Mais quand vous êtes face à cent personnes... J'espérais juste qu'ils ne frapperaient pas trop fort. Je savais qu'ils voulaient me tuer."

PARDON À GENOUX

Une jeune guide américaine, Melissa Arnot, 29 ans, s'interpose. Pour être venue quatre fois sur les pentes de l'Everest (et autant de fois au sommet), elle sait que les sherpas ne frapperont pas une femme. Ueli Steck dit qu'il lui doit la vie. Les sherpas en colère, parmi lesquels Ueli Steck a reconnu avec effarement deux de ses compagnons d'expédition de l'année précédente, obtiennent que Simone Moro demande pardon, à genoux. Un coup de couteau atteint la ceinture de son sac à dos.

Après une heure de tension extrême, les sherpas laissent les trois hommes quitter le camp. Ils le font par une voie détournée, préférant s'aventurer sans corde sur un glacier très crevassé plutôt que de traverser le camp 2, hostile.

Jusqu'en 1996, l'Everest ressemblait encore à peu près à la montagne gravie en 1953 par Edmund Hillary et Tenzing Norgay. Mais, cette année-là, deux agences se livrent à une concurrence dramatique. Deux guides expérimentés, le Néo-Zélandais Rob Hall et l'Américain Scott Fischer, perdent la vie près du sommet, en même temps que neuf autres personnes. Beaucoup ont pensé que cette saison en enfer, racontée dans le best-seller de Jon Krakauer, Tragédie à l'Everest, porterait un coup fatal à l'exploitation commerciale de l'Everest. C'est le contraire qui s'est produit : le goût du drame attire de nouveaux clients, de même que les photos de corps gelés abandonnés le long de la voie. Everestland a ouvert ses portes.

Les agences se sont multipliées, la concurrence a lissé les prix, qui n'ont pas bougé depuis cette date. Sur le Net, on peut facilement comparer les taux de réussite et les tarifs : tous se tiennent entre 62 000 et 65 000 dollars (un peu moins de 50 000 euros) pour une prestation de Katmandou à Katmandou via le sommet, sous la direction de guides occidentaux. Le prix comprend, outre les royalties versées à l'Etat népalais, la prise en charge du client jusqu'au sommet, un sherpa personnel, de l'oxygène... Au client d'ajouter le prix de l'équipement, les assurances obligatoires, le téléphone satellite, le transport depuis le pays d'origine, les primes de sommet. Quand on lui demande combien coûte l'Everest, le blogueur spécialisé Alan Arnette aime répondre : "Une voiture." Pas n'importe quelle voiture. Un budget de 100 000 dollars pour l'Everest n'est pas irréaliste.

ENTRER PAR ERREUR DANS EVERESTLAND

Les sherpas, eux, gagnent jusqu'à 5 000 euros, primes comprises, pour les deux mois d'expédition. "Ils le méritent largement car ils sont les seuls à être capables de faire ce travail très dangereux", estime le guide français Michel Pellé, qui fréquente la région depuis plus de trente ans. Les sherpas ne sont plus des "tigres", simples porteurs que les Occidentaux menaient à la baguette. Ce sont désormais des alpinistes bien formés, compétents, autonomes... "Ils ont les plus gros salaires du Népal, plus que le premier ministre, ajoute Michel Pellé. Ils ouvrent des hôtels de luxe, leur réussite fait des jaloux."

Ueli Steck et ses compagnons, comme la plupart des alpinistes expérimentés, passent par des agences népalaises qui cassent les prix depuis quelques années. Leur tort, le 27 avril, a été d'entrer par erreur dans Everestland : "On s'est trouvés au mauvais endroit au mauvais moment", dit Ueli Steck.

Deux jours après le lynchage évité, une grande réunion s'est tenue au camp de base, un village de tentes habité par 500 à 600 personnes. Simone Moro s'est excusé de nouveau devant les chefs de toutes les grosses agences commerciales et les responsables des sherpas. Une trentaine de signatures ont été portées au bas d'un document manuscrit, en anglais et en népalais, où "les deux parties reconnaissent leurs erreurs" et promettent de tout faire pour éviter que ça recommence. Tous aimeraient refermer la parenthèse, sans trop y croire.

"GOUJATERIE"

A Katmandou, Simone Moro, Ueli Steck et Jonathan Griffith ont été reçus par Elizabeth Hawley, 89 ans, la journaliste arbitre des ascensions au Népal depuis cinquante ans. Selon Rodolphe Popier, un jeune historien français qui travaille avec elle, miss Hawley n'avait jamais vu une telle violence. Elle a écouté les explications de Simone Moro : la colère du leader des sherpas aurait décuplé quand les trois alpinistes, plus rapides, lui ont proposé de terminer son travail sur les cordes fixes. "Les Asiatiques n'aiment pas perdre la face", a conclu la vieille dame, arrivée au temps des colonies.

Simone Moro est resté au Népal piloter son hélicoptère qui propose des secours jusqu'au camp de base. Ueli Steck, sonné, a regagné la Suisse, incapable de penser à son avenir dans l'Himalaya. Il cherche à comprendre la violence dont il a été victime et qui risque de ne pas s'éteindre de sitôt : "La marmite de la jalousie et de la colère bouillait depuis longtemps."

Henri Sigayret, 79 ans, alpiniste français qui vit depuis vingt ans au Népal, souligne l'affront que représente l'insulte dans ce pays où les touristes se nourrissent de sourires et de gentillesse : "Imaginez une zone de travaux interdite. Un conducteur dans une voiture de sport passe en criant : "On est plus rapides." C'est de la goujaterie !"

Lakpa Sherpa a été l'un des rares Népalais à faire entendre sa voix, sur le site de son agence, Himalayan Ascent : "J'entends souvent mes collègues occidentaux dire que les sherpas méritent mieux. Mais que sont-ils prêts à donner en plus ? Plus d'argent, plus de bénéfices, plus de gloire ? Peut-être qu'ils devraient commencer par plus de respect."

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